Décès de Ziad Takieddine, figure clé de l'affaire Sarkozy-Kadhafi
L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, figure centrale de l'affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, est décédé à Beyrouth le mardi 23 septembre 2025, à l'âge de 75 ans. Son rôle d'intermédiaire controversé et ses déclarations fluctuantes ont marqué cette affaire politico-financière.
Un protagoniste central de l'affaire Sarkozy-Kadhafi
Ziad Takieddine était au cœur de l'affaire dite Sarkozy-Kadhafi, accusant l'ancien président d'avoir reçu des fonds du régime de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne présidentielle. Ses témoignages ont été cruciaux, bien que souvent contradictoires, dans l'enquête menée par la justice française. Il avait affirmé avoir remis des valises d'argent à Nicolas Sarkozy et son directeur de cabinet, Claude Guéant.
Ses accusations, initialement portées devant les juges d'instruction, ont connu un revirement spectaculaire en 2020, lorsqu'il a publiquement dédouané Nicolas Sarkozy. Il s'est ensuite rétracté à nouveau, une volte-face analysée comme une possible subornation de témoin. Cette affaire a conduit à la mise en examen de plusieurs personnalités, dont Nicolas Sarkozy, son épouse Carla Bruni-Sarkozy, et Mimi Marchand.
Condamnation dans l'affaire Karachi et fuite au Liban
Outre l'affaire libyenne, Ziad Takieddine avait été condamné en 2020 à cinq ans de prison ferme dans le volet financier de l'affaire Karachi, un système de commissions occultes sur des contrats d'armement français avec l'Arabie saoudite et le Pakistan. Il avait fui en Liban avant le jugement, un pays qui n'extrade pas ses ressortissants.
Visé par un mandat d'arrêt, il ne s'était pas rendu au procès du financement libyen, dont le jugement est prévu ce jeudi. Son décès signifie que l'action publique à son encontre sera probablement éteinte.
Un parcours controversé
Né dans une famille druze au Liban, Ziad Takieddine a d'abord travaillé dans la publicité avant de quitter son pays en raison de la guerre civile. Dans les années 1980, il a dirigé la station de montagne Isola 2000, où il a tissé des liens avec des personnalités de droite. Son entregent lui a permis de s'impliquer dans des contrats de défense, le plaçant au cœur de l'affaire Karachi. Son influence a décliné au fil des années en raison de problèmes personnels et judiciaires.
Avec la mort de Ziad Takieddine, disparaît un acteur clé d'une des affaires politico-financières les plus marquantes de la politique française contemporaine. Ses secrets, et les zones d'ombre qu'il laisse derrière lui, ne seront peut-être jamais complètement élucidés. Nicolas Sarkozy, dont le sort dans cette affaire reste en suspens, perd un accusateur principal.
