Les exportations de bananes du Cameroun (CDC) restent inférieures aux niveaux d'avant la crise malgré le financement de l'État
Selon les données de l'Association Bananière du Cameroun (Assobacam), la Cameroon Development Corporation (CDC), l'entreprise agroalimentaire publique qui exploite des plantations de bananes, de caoutchouc et de palmiers à huile dans les régions du Sud-Ouest et du Littoral, a exporté 23 416 tonnes de bananes au cours des sept premiers mois de 2025. Ces expéditions représentent moins de la moitié des volumes exportés en 2015, une année avant que les troubles séparatistes n'éclatent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, dont la CDC continue de subir d'importantes pertes.
L'impact du conflit séparatiste sur la CDC
Les chiffres de l'Assobacam montrent qu'au cours des sept premiers mois de 2015, la CDC a expédié 57 630 tonnes de bananes sur le marché international. L'entreprise publique, le deuxième employeur du Cameroun après l'administration publique, a même enregistré des exportations de bananes de 61 010 tonnes au cours de la même période en 2016, soit près de trois fois le niveau de 2025, l'année où le conflit a commencé entre les séparatistes et l'armée nationale dans les régions anglophones.
Ces chiffres mettent en évidence la difficulté pour la CDC de se remettre complètement de la crise malgré le soutien financier continu de l'État. Le dernier effort en date est un décret présidentiel autorisant le ministre de l'Économie, Alamine Ousmane Mey, à obtenir un prêt de 4,6 milliards de francs CFA auprès de la Standard Chartered Bank à Londres pour soutenir l'entreprise.
Financement et diversification des activités de la CDC
Officiellement, ce financement sera utilisé pour la fourniture et l'installation d'usines de transformation pour l'huile de palme, la margarine et le caoutchouc, des secteurs considérés comme stratégiques pour diversifier et moderniser les activités de la CDC.
Résolution des arriérés de salaires
Le décret est intervenu quelques jours seulement après que le gouvernement ait conclu, le 15 septembre 2025, un accord avec cinq banques et institutions financières locales pour régler 15,7 milliards de francs CFA d'arriérés de salaires dus à près de 20 000 employés de la CDC. Cette mesure fait partie d'un plan plus large visant à apurer un total de 35,7 milliards de francs CFA d'arriérés de salaires accumulés entre 2018 et 2022.
Efforts antérieurs et résultats mitigés
Une première enveloppe de 20 milliards de francs CFA avait déjà été versée au personnel de la CDC en 2024 dans le cadre d'une première opération de rachat et de règlement de dettes entre l'État et deux banques locales. Cet accord comprenait également la prise en charge de 31,8 milliards de francs CFA de dettes fiscales, qui ont ensuite été converties en capitaux propres de l'entreprise.
Jusqu'à présent, ces injections de fonds de l'État, ainsi que les précédents accords de financement, ont contribué à assainir les comptes de la CDC, à stabiliser les relations de travail et à ouvrir la voie à de nouveaux investissements. Cependant, les résultats opérationnels restent faibles malgré des signes d'amélioration. L'ampleur de l'impact de la crise se reflète dans les 38,7 milliards de francs CFA de pertes cumulées de la CDC entre 2019 et 2021, la suspension de la production sur 12 des 29 sites en 2018, la perte de 6 124 emplois et la disparition de l'entreprise du registre des exportateurs de bananes du Cameroun entre septembre 2018 et mai 2020 en raison de l'arrêt prolongé de la production.