Nouveau rebondissement dans "l'affaire Maria" à Marseille, une jeune femme rouée de coups par une quinzaine de policiers en marge de manifestations en 2018. Six policiers ont notamment été mis en examen pour "non-assistance à personne en danger", annonce le parquet de Marseille ce vendredi.
C'est un nouveau rebondissement dans "l'affaire Maria" à Marseille, cette jeune femme rouée de coups par une quinzaine de policiers en marge de manifestations lors de la mobilisation des gilets jaunes. Sept ans après les faits, six policiers sont mis en examen pour "non-assistance à personne en danger", confirme le parquet de Marseille à ICI Provence. L'un d'eux l'est aussi pour "violences sans incapacité totale de travail et avec la circonstance aggravante d'une personne dépositaire de l'autorité publique", indique également le parquet à l'AFP.
C'est la première fois que des mises en examen ont lieu dans cette affaire, pour laquelle une information judiciaire pour "violences aggravées et non-assistance à personne en danger" a été ouverte à l'été 2019, et l'IGPN, la police des polices, saisie. Quatre policiers des six policiers étaient placés en garde à vue depuis mardi 30 septembre. Les deux autres fonctionnaires sont arrivés de Mayotte pour être entendus par le juge d'instruction.
Contrôle judiciaire
Les faits imputés au policier poursuivi "pour violence avec la circonstance aggravante d'une personne dépositaire de l'autorité publique" le sont sur le petit ami de Maria, qui a voulu la protéger des coups des forces de l'ordre. Ce fonctionnaire est placé sous contrôle judiciaire avec une interdiction d'acte de police, de voie publique ainsi que de porter une arme.
Les autres policiers mis en examen ont aussi été placés sous contrôle judiciaire, sans interdiction d'exercer, a également précisé vendredi le parquet de Marseille. D'autres policiers doivent être prochainement entendus dans cette affaire, selon une source proche de l'enquête.
Frappée par une quinzaine de policiers : 30 points de suture au crâne
Le samedi 8 décembre 2018, plusieurs manifestations s'étaient rejointes dans la ville : une marche contre l'habitat indigne, un mois après l'effondrement meurtrier des immeubles de la rue d'Aubagne, une marche pour le climat et une manifestation de "gilets jaunes".
Ce jour-là, 500 policiers étaient mobilisés, quand Maria (prénom d'emprunt), 19 ans, vendeuse en centre-ville, rentrait du travail. "Je ne manifestais pas", avait alors assuré cinq ans plus tard la jeune femme auprès de ICI Provence . Elle a cependant été atteinte par un tir de LBD à la cuisse, dans une ruelle du cœur commerçant de Marseille. Elle a ensuite été violemment frappée au sol par une quinzaine de policiers, touchée notamment à la tête, ce qui lui vaudra une trentaine de points de suture au crâne.
La jeune femme avait alors porté plainte auprès de l'IGPN (Inspection générale de la police nationale).
Plusieurs années de procédures judiciaires
"Sans l'ombre d'un doute, les individus qui ont violenté (Maria) avaient tous la qualité de fonctionnaires de police et ces violences sont d'autant plus inacceptables qu'elles ont été commises de façon purement gratuite", avait conclu une première fois le juge d'instruction saisi du dossier, en décembre 2020.
Mais l'affaire Maria a depuis été une succession de déceptions pour la partie civile : des enregistrements radio des échanges entre policiers sur le terrain ont été effacés, tout comme les images de vidéosurveillance de la ville. L'enquête s'est même heurtée à une panne du logiciel Pégase, qui suit les demandes d'intervention à la police, l'après-midi des faits.
Le dossier a été rouvert, et clos, à plusieurs reprises, faute d'identification des policiers présents.
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