Un tournant politique inattendu en Afrique australe
Le Malawi vient de vivre un moment décisif de son histoire politique. Le président sortant, Lazarus Chakwera, a reconnu mercredi sa défaite à l’élection présidentielle du 16 septembre 2025. Un aveu solennel, prononcé lors d’une allocution télévisée, qui ouvre la voie au retour au pouvoir de son rival et prédécesseur Peter Mutharika.
Dans un pays de 21 millions d’habitants, frappé par une grave crise économique et une inflation record de 33 %, cette transition demontre la volonté des électeurs de confier à nouveau les rênes de l’État à un dirigeant qu’ils jugent plus apte à redresser la situation.
Lazarus Chakwera : un mandat fragilisé par la crise économique
Âgé de 70 ans, ancien pasteur évangélique, Chakwera avait été élu en 2020 après l’annulation des résultats de 2019 pour fraude électorale. Porté par un immense espoir de renouveau, il avait recueilli près de 59 % des voix et mis fin au règne de Mutharika.
Mais en cinq ans, son mandat s’est heurté à de multiples obstacles : flambée du coût de la vie, pénuries de devises, hausse du prix des engrais et effondrement du pouvoir d’achat. Ses adversaires l’ont accusé de mauvaise gestion et d’indécision, des critiques qui ont pesé lourd lors du scrutin de septembre.
Peter Mutharika : le retour d’un « leadership éprouvé »
Candidat du Parti progressiste démocrate (DPP), Peter Mutharika a axé sa campagne sur un message simple : ramener la stabilité économique. Son bilan de 2014 à 2020 reste associé à une inflation ramenée à un chiffre et à une équipe économique solide, malgré des accusations de corruption et des pénuries persistantes.
LEADERS COME AND GO…. Indeed, leaders serve and leave. H.E President Chakwera of Malawi joins the proud League of incumbents that respect citizens’ choices.
In this concession, President Chakwera has been very exemplary. The concession by the incumbent before the official… pic.twitter.com/FGKfhzoeL5 — nelson chamisa (@nelsonchamisa) September 24, 2025
Cette image de gestionnaire crédible a suffi à convaincre une majorité d’électeurs. « Même si des zones d’ombre existent, beaucoup estiment que Mutharika reste le meilleur choix pour rétablir l’économie », explique Mavuto Bamusi, analyste politique à la Malawi Political Science Association.
Une passation de pouvoir pacifique
Dans son discours, Chakwera a insisté sur sa volonté de garantir un transfert pacifique du pouvoir. « J’ai appelé le professeur Mutharika pour lui souhaiter bonne chance », a-t-il affirmé, tout en demandant un rapport détaillé sur les irrégularités signalées par son parti.
Lire aussi : Malawi : suppression du MCC, un accord de 350 millions $ à l’eau
Cette attitude conciliante renforce l’image démocratique du Malawi, rare exemple en Afrique où un président sortant accepte publiquement sa défaite sans violence post-électorale.
Les difficultés qui attendent le Malawi
Le retour de Mutharika s’accompagne d’attentes immenses. Le pays reste confronté à :
une inflation galopante (33 %) ;
(33 %) ; une pénurie de devises étrangères freinant les importations de carburant et d’engrais ;
freinant les importations de carburant et d’engrais ; une dette publique croissante.
Le nouveau président devra restaurer la confiance des citoyens, attirer des investissements et relancer l’agriculture, pilier de l’économie nationale.
Conclusion : un vote économique avant tout
Plus qu’un simple changement de président, le scrutin de 2025 laisse entrevoir une vérité politique universelle : quand l’économie chancelle, les électeurs sanctionnent. En plaçant à nouveau Peter Mutharika à la tête de l’État, le peuple malawite exprime son désir d’un retour à une gouvernance perçue comme plus efficace.
Reste à savoir si l’ancien chef d’État saura transformer cette seconde chance en véritable redressement économique durable.
[SRC] https://www.afrique-sur7.fr/malawi-la-defaite-historique-de-lazarus-chakwera-face-a-peter-mutharika-secoue-la-nation
