L'UE débat de l'interdiction des termes "steak végétal" et "saucisse végane"
Un débat passionné agite l'Union Européenne concernant l'utilisation des termes tels que "steak", "burger" ou "saucisse" pour des produits sans viande. Une proposition de loi visant à interdire ces dénominations pour les alternatives végétales est actuellement en discussion au Parlement Européen, ravivant les tensions entre le secteur agricole et les défenseurs des alternatives végétales.
Une proposition portée par le secteur agricole
La proposition, portée par Céline Imart, députée européenne et agricultrice, vise à protéger les dénominations traditionnelles de la viande. Elle argue que l'utilisation de ces termes pour des produits végétariens induit le consommateur en erreur et profite de la renommée des produits carnés. Imart estime qu'il y a un "côté mensonger dans cette récupération".
Cette initiative fait écho à une décision de la justice suisse, qui a déjà interdit l'utilisation de ces termes pour les produits végétariens, soulignant que ces appellations ont un but commercial et visent à convaincre les consommateurs que le produit végétal est équivalent à la viande.
Arguments et contre-arguments
La filière Élevage et Viande française (Interbev) soutient fermement cette interdiction, affirmant que les dénominations actuelles "brouillent les repères et affaiblissent la reconnaissance d’un produit brut et 100% naturel". Son président, Jean-François Guihard, insiste sur la nécessité d'une "distinction nette entre deux produits fondamentalement différents".
Cependant, les défenseurs des alternatives végétales dénoncent cette initiative comme un "écran de fumée". L'eurodéputée écologiste néerlandaise Anna Strolenberg estime qu'une telle interdiction ne changera rien pour les éleveurs. Son collègue vert, David Cormand, ajoute qu'il s'agit d'une "diversion pour faire le buzz" qui occulte les sujets majeurs pour l'agriculture.
Enjeux et conséquences potentielles
L'issue du vote au Parlement Européen reste incertaine. Si la proposition est adoptée, seuls les produits contenant de la viande pourraient être étiquetés "saucisse", "hamburger" ou "escalope". Les eurodéputés devront ensuite négocier avec les 27 États membres de l'Union Européenne.
Le PDG de la marque française La Vie, Nicolas Schweitzer, qui fournit Burger King en bacon végétal, estime que ces dénominations sont une manière "plus simple et évidente pour le consommateur de comprendre ce qu'on lui propose". Il souligne également les avantages des alternatives végétales en termes de bien-être animal, d'élevage intensif et de réchauffement climatique.
En Allemagne, les supermarchés Lidl et Aldi s'inquiètent des conséquences d'une telle interdiction, estimant qu'elle rendrait "beaucoup plus difficile pour les entreprises la vente de leurs produits". Ils soulignent que l'Allemagne est le plus large marché pour les alternatives végétales en Europe.
Un débat récurrent
Ce n'est pas la première fois qu'un tel texte est débattu au Parlement Européen. En 2020, une loi similaire avait été rejetée. Cependant, les élections européennes de 2024 ont modifié l'équilibre des partis, accordant plus de poids aux députés de droite, qui défendent les intérêts du secteur agricole. Céline Imart plaide pour une "logique de cohérence avec la réglementation européenne, qui protège déjà les termes issus des produits laitiers" de leurs alternatives végétales.