Crise laitière en Suisse : 25'000 vaches menacées à cause des tarifs douaniers américains
Le marché laitier suisse est confronté à une crise sans précédent. En raison des droits de douane américains imposés par l'administration Trump, jusqu'à 25'000 vaches suisses pourraient être abattues. Cette situation met en péril les revenus des éleveurs et menace la stabilité du marché.
L'impact des droits de douane américains sur le marché laitier suisse
Selon la « NZZ am Sonntag », les taxes américaines sur le fromage suisse, en particulier le gruyère, et le chocolat ont considérablement réduit les exportations. Simultanément, la production laitière a augmenté d'environ 5% grâce à une récolte de fourrage exceptionnelle due à des conditions météorologiques favorables. Cette combinaison de facteurs a entraîné une chute des prix du lait, allant jusqu'à 30 centimes de moins par litre pour certains producteurs.
Pour éviter un effondrement total des prix, l'Interprofession du lait (IP Lait) a lancé un appel à ses membres pour qu'ils réduisent leur production laitière.
Des mesures drastiques pour éviter la faillite
Le conseiller national Martin Hübscher (UDC/ZH), président de la coopérative Mooh qui regroupe 3500 producteurs laitiers suisses, a déclaré que l'objectif est « d’éviter un effondrement des prix ». Il a lui-même été contraint d'envoyer quatre de ses vaches à l'abattoir. Christian Marro, agriculteur à Pierrafortscha (FR), a également dû abattre dix de ses 110 vaches, bien qu'elles soient en bonne santé.
Solutions temporaires et fonds d'urgence
Sur les quelque 500'000 vaches laitières que compte la Suisse, environ 85'000 sont abattues chaque année. Pour résorber l'excédent laitier actuel de 5%, il faudrait abattre 25'000 vaches supplémentaires cette année. L'IP Lait espère éviter un tel massacre grâce à des mesures de soutien temporaires à l'exportation. Une décision sera prise d'ici décembre en fonction de l'évolution du marché.
Afin de limiter les abattages, l'IP Lait a déjà débloqué un fonds d'urgence de 11 millions de francs pour soutenir l'exportation de crème et de beurre à des prix compétitifs sur le marché mondial pendant neuf mois. L'objectif est d'écouler une partie du surplus laitier et de stabiliser les revenus des producteurs suisses.
Le désarroi des producteurs laitiers
Christian Marro, producteur laitier fribourgeois, exprime sa détresse face à la nécessité de se séparer de vaches en bonne santé. Malgré un prix correct de 2800 francs par bête, il prévoit une perte annuelle d'environ 12'000 francs. Son contrat d’exclusivité avec le label Gruyère l'empêche d'écouler son lait sur le marché international, le contraignant à réduire son troupeau.
