Tensions à Madagascar : Manifestations et Accusations de Tentative de Coup d'État
Depuis le 25 septembre 2025, Madagascar est secouée par des manifestations, initialement motivées par des coupures d'eau et d'électricité, qui se sont transformées en une contestation plus large du pouvoir en place. Le 3 octobre, le président Andry Rajoelina a accusé les manifestants de vouloir orchestrer un coup d'État, dénonçant des manipulations internes et externes.
Déclarations du Président Rajoelina et Réactions
Dans une allocution diffusée sur sa page Facebook, Andry Rajoelina a affirmé que la jeunesse mobilisée, notamment regroupée au sein de la Gen Z très active sur les réseaux sociaux, était manipulée par des acteurs malgaches et étrangers non identifiés. Il a dénoncé une tentative d'éviction non pas par les élections, mais par des forces cherchant à "prendre le pouvoir comme dans d'autres pays africains". Le président a également évoqué une "cyberattaque" et une "manipulation de masse" visant le pays.
Ces accusations ont été critiquées par le collectif Gen Z, qui a qualifié le discours présidentiel d'"insensé". Le collectif a réitéré ses exigences, notamment une consultation dans le processus de nomination du futur Premier ministre et une enquête internationale sur les abus des forces de l'ordre lors des manifestations.
Répression des Manifestations et Bilan Humain
La répression des manifestations a été marquée par des violences. Un premier bilan de l'ONU faisait état de 22 morts et de centaines de blessés, des chiffres contestés par le ministère des Affaires étrangères malgache. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a dénoncé l'usage de "force non-nécessaire" par la police.
Des rassemblements ont été rapportés dans plusieurs villes, dont Antananarivo, Mahajanga, Toliara et Fianarantsoa, témoignant de l'ampleur de la contestation à travers le pays. Le centre-ville d'Antananarivo a été bouclé par les forces de sécurité.
Grèves et Position de l'Opposition
Plusieurs syndicats, dont celui de la société nationale de distribution d'eau et d'électricité (JIRAMA), ont appelé à la grève générale. Les syndicats des agents pénitentiaires et des douanes leur ont emboîté le pas. L'opposition, dans une rare prise de position commune, a également demandé le départ du chef de l'État.
"Si les douanes sont en grève, ça peut mettre le pays à l'arrêt", estime à l'AFP un entrepreneur ayant requis l'anonymat.
Contexte Politique et Socio-économique
Andry Rajoelina est arrivé au pouvoir en 2009 à la suite d'un soulèvement populaire. Il a ensuite été élu en 2018 et réélu en 2023 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition. Malgré ses ressources naturelles, Madagascar reste l'un des pays les plus pauvres du monde. En 2022, près de 75% de la population vivait sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale.
Perspectives et Dialogue
Malgré la tension et les accusations, Andry Rajoelina s'est dit prêt à dialoguer et a demandé aux forces de l'ordre de "faire revenir la paix". L'absence d'annonce concernant la nomination d'un nouveau Premier ministre, après le limogeage de l'ensemble du gouvernement, maintient la pression et l'incertitude quant à l'évolution de la situation politique à Madagascar.
