Gaza : Un médecin évacué témoigne de la famine et des conditions désastreuses dans les hôpitaux
Le Dr. Mohammed Abu Mughaisib, médecin de Médecins Sans Frontières (MSF), a été évacué de Gaza en septembre après avoir souffert de la faim alors qu'il travaillait sans relâche dans des hôpitaux débordés par l'offensive israélienne. Il témoigne des conditions inhumaines et de la famine qui sévissent, même parmi les soignants.
L'évacuation et le contraste saisissant
Après deux décennies à soigner les autres, le Dr. Abu Mughaisib a été confronté à sa propre survie. L'opportunité de quitter Gaza s'est présentée alors qu'il était incapable de se nourrir correctement. Il se retrouve désormais en Irlande, un contraste frappant avec la réalité qu'il a laissée derrière lui.
"Je suis physiquement ici, mais mon cœur et mon âme sont à Gaza. C'est très étrange de voir les gens mener une vie normale, et il me faudra du temps pour m'y habituer."
Malgré le soulagement d'être en sécurité, il est hanté par le sort de ses collègues et de son peuple.
Les conditions de travail à Gaza
En tant que responsable des opérations de MSF dans la bande de Gaza, le Dr. Abu Mughaisib a été témoin de la destruction des infrastructures médicales. Il décrit des hôpitaux débordés, manquant de ressources, où les médecins sont réduits à boire des solutions de glucose pour tenir le coup. La recherche de nourriture était devenue une obsession, même au sein du personnel soignant.
Les hôpitaux, autrefois des lieux sacrés, sont devenus des scènes chaotiques, avec des patients gisant à même le sol par manque de lits. L'odeur du sang est omniprésente, et les médecins sont impuissants face à l'afflux constant de blessés.
"Des médecins affamés soignaient des patients souffrant de malnutrition."
Les conséquences de la guerre et les dilemmes moraux
Le conflit, déclenché par les attaques du Hamas le 7 octobre 2023, a eu des conséquences dévastatrices. Le Dr. Abu Mughaisib a perdu le compte de ses déplacements forcés et a vu sa maison réquisitionnée puis pillée. Il a réussi à faire évacuer sa famille en février 2024, mais est resté sur place.
Chaque jour apportait son lot de dilemmes moraux, confrontant les médecins à des choix impossibles quant aux patients à soigner en priorité. Plus de 18 000 enfants figurent parmi les 66 000 personnes tuées, selon les chiffres du ministère de la Santé dirigé par le Hamas, considérés comme fiables par l'ONU.
Un appel à l'aide et un avenir incertain
Le Dr. Abu Mughaisib dénonce les attaques contre les hôpitaux, affirmant qu'elles ne visaient pas uniquement le Hamas, mais la population civile. Il estime que Gaza aura besoin du soutien du monde entier pour se reconstruire, tant physiquement que psychologiquement. La destruction est telle que les villes qu'il a traversées en quittant Gaza étaient méconnaissables.
Bien qu'il soit en sécurité, le Dr. Abu Mughaisib est incapable de profiter de son répit, hanté par les souffrances de ses collègues et de son peuple. Il a quitté Gaza sans rien emporter, même pas un peu de sable, un symbole de l'effacement de leur identité, selon lui.
| Événement | Détail |
|---|---|
| Attaques du 7 Octobre 2023 | Déclencheur de l'offensive israélienne |
| Conditions dans les hôpitaux | Manque de ressources, personnel affamé, patients à même le sol |
| Nombre de victimes (estimation) | Plus de 66 000, dont 18 000 enfants |
| Impact psychologique | Blessures émotionnelles et spirituelles profondes |
La reconstruction de Gaza sera un défi colossal, nécessitant un soutien international massif pour surmonter les blessures physiques, sociales, psychologiques et émotionnelles.
