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Sénégal: La Taxe sur le Mobile Money Crée la Division et Inquiète l'ASEPAME

Published on: 22 September 2025

Sénégal: La Taxe sur le Mobile Money Crée la Division et Inquiète l'ASEPAME

Taxe sur le Mobile Money au Sénégal : Un Débat Divise

L'annonce par le gouvernement sénégalais d'une taxe sur les transactions via mobile money a suscité un vif débat. Alors que l'État justifie cette mesure par la nécessité de renflouer ses caisses et financer le Plan de Redressement Économique et Social (PRES), les usagers et les professionnels du secteur craignent un impact négatif sur l'inclusion financière et le pouvoir d'achat. La proposition de l'Association Sénégalaise des Établissements de Paiement et des Émetteurs de Monnaie Électronique (ASEPAME), suggérant une taxation des revenus des opérateurs plutôt que des transactions, offre une alternative potentielle.

Les Craintes des Utilisateurs et des Commerçants

De nombreux Sénégalais, comme Fatou Niang Mbaye, ménagère à Dakar, expriment leur inquiétude quant à l'augmentation des coûts liés à l'utilisation du mobile money. Avec un taux de pénétration estimé à 95%, ce service est devenu essentiel pour de nombreuses transactions quotidiennes. Une taxe, même minime, pourrait peser lourdement sur les budgets des ménages. Ibrahima Diène, gérant de quincaillerie, craint de devoir augmenter ses prix, impactant ainsi ses clients.

La Position de l'État et les Objectifs Fiscaux

Le gouvernement sénégalais, sous l'égide du président Bassirou Diomaye Faye, justifie cette réforme par la nécessité de mobiliser près de 220 milliards de francs CFA entre 2025 et 2028. Cette initiative s'inscrit dans le cadre d'un plan de redressement économique visant à réduire la dépendance à l'endettement extérieur et à assurer la souveraineté financière du pays. Amadou Gueye, juriste-analyste et président de YITTÉ SÉNÉGAL, soutient la nouvelle politique fiscale, soulignant la nécessité d'un effort citoyen pour redresser l'économie.

L'Alternative Proposée par l'ASEPAME

Face à cette situation, l'ASEPAME propose une alternative : une taxation de 2,5% sur les revenus des opérateurs de mobile money plutôt que sur les transactions des utilisateurs. El Hadji Malick Guèye et ses collègues estiment que cette approche serait plus équitable, plus stable et plus rentable à long terme. Ils prévoient que cette mesure pourrait générer plus de 530 milliards de francs CFA de recettes fiscales entre 2026 et 2028, soit plus du double de l'objectif gouvernemental.

Les Risques d'une Taxe sur les Transactions : L'Expérience d'Autres Pays

L'ASEPAME s'appuie sur les expériences d'autres pays africains, comme la Tanzanie et l'Ouganda, où l'introduction de taxes sur les volumes de transactions a entraîné une chute significative de leur utilisation. En Tanzanie, une taxe de 1% a provoqué une baisse de 38% des transactions, contraignant le gouvernement à revoir sa copie. Ces exemples mettent en évidence le risque de décourager l'utilisation du mobile money et de fragiliser l'inclusion financière. Antoine Ngom, président de l'Optic, met en garde contre des effets inverses à ceux recherchés, soulignant que la taxation pourrait réduire les recettes fiscales au lieu de les augmenter.

Les Arguments en Faveur du Maintien de la Dynamique du Mobile Money

Le mobile money est aujourd'hui un pilier de l'inclusion financière au Sénégal, avec près de 95% des adultes disposant d'un compte. Il facilite les paiements, les transferts d'argent et l'accès aux services financiers pour les populations les plus vulnérables, notamment les femmes et les travailleurs du secteur informel. De plus, le mobile money contribue à la formalisation de l'économie et à la lutte contre la fraude et le blanchiment d'argent, comme le souligne l'ASEPAME. Une taxation mal calibrée pourrait compromettre ces avancées et freiner la croissance du secteur.

L'Appel à un Dialogue et à une Concertation Nationale

Plusieurs acteurs, dont le député Abdoul Ahad Ndiaye, appellent à un dialogue étroit entre le gouvernement, les opérateurs de mobile money et les associations de consommateurs afin de trouver un compromis qui prenne en compte les impératifs budgétaires et les besoins des utilisateurs. L'OPTIC insiste sur la nécessité d'adopter des mesures fiscales élaborées dans un cadre collaboratif et concerté, afin de garantir un modèle de taxation optimal et de préserver la dynamique de croissance du mobile money.

Conclusion : Un Équilibre à Trouver

La question de la taxation du mobile money au Sénégal est complexe et soulève des enjeux importants pour l'économie du pays. Il est crucial de trouver un équilibre entre la nécessité de mobiliser des ressources pour financer le développement et la nécessité de préserver l'accessibilité et la dynamique de croissance du mobile money, outil essentiel pour l'inclusion financière et la modernisation de l'économie sénégalaise. Le gouvernement devra faire preuve de prudence et de concertation pour prendre une décision éclairée qui bénéficie à l'ensemble de la population.

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