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L'Alliance des États du Sahel se retire de la CPI, dénonçant un "néocolonialisme judiciaire"

Published on: 01 October 2025

L'Alliance des États du Sahel se retire de la CPI, dénonçant un

Retrait de la CPI : Rupture Majeure pour l'Alliance des États du Sahel (AES)

Le Mali, le Niger et le Burkina Faso, formant l'Alliance des États du Sahel (AES), ont officialisé leur retrait de la Cour Pénale Internationale (CPI), marquant une rupture significative avec l'ordre judiciaire international. Cette décision suscite des débats sur la justice internationale et la souveraineté des États africains.

Motivations du Retrait : Accusations de Partialité et Néocolonialisme Judiciaire

Les dirigeants de l'AES justifient ce retrait par une perte de confiance envers la CPI, qu'ils accusent de partialité et de néocolonialisme judiciaire. Ils estiment que la Cour, initialement conçue comme un instrument de justice universelle, est devenue un outil de répression au service de l'impérialisme, ciblant principalement les pays africains tout en épargnant les grandes puissances.

Selon Seidik Abba, journaliste et spécialiste du Sahel, cette décision s'inscrit dans une logique politique cohérente. Il souligne un constat partagé de justice sélective : des crimes commis en Afghanistan ou au Proche-Orient ne font pas l'objet d'enquêtes, tandis que les États-Unis, non signataires du Statut de Rome, ont même sanctionné des juges ayant poursuivi Israël, fragilisant ainsi la CPI.

Collaboration Antérieure et Implications Juridiques

Bien que les pays de l'AES aient longtemps collaboré avec la CPI (le Mali y a adhéré en 2000, le Niger en 2002 et le Burkina Faso en 2004), ce retrait ne prendra effet qu'un an après notification à l'Organisation des Nations Unies (ONU), conformément à l'article 127 du Statut de Rome. Les enquêtes en cours, notamment au Mali, restent juridiquement valides pendant cette période.

M. Abba insiste sur le fait que ce retrait ne protège pas les États de futures poursuites, car la CPI peut toujours intervenir si elle est saisie par le Conseil de Sécurité de l'ONU, comme ce fut le cas pour Omar El-Béchir au Soudan.

Un Acte Politique de Rupture et ses Conséquences Potentielles

Des spécialistes du droit international considèrent ce retrait collectif comme un acte politique de rupture plutôt qu'un désengagement juridique immédiat. Les procédures engagées avant le retrait restent valables. Ce retrait simultané pourrait inspirer d'autres États critiques envers la CPI, notamment en Afrique, surtout après le procès de Laurent Gbagbo.

Vers une Justice Sahélienne ? La Création d'une Cour Pénale Sahélienne (CPS)

Les États de l'AES envisagent désormais la création d'une Cour Pénale Sahélienne (CPS), plus adaptée à leurs réalités. Pour Seidik Abba, il s'agit d'une réaffirmation de la souveraineté judiciaire, permettant aux dirigeants de juger leurs citoyens selon leurs propres normes. Ils veulent que la justice africaine soit rendue par des africains, pour les africains.

Rappel sur les Juridictions Internationales

La Cour Pénale Internationale, basée à La Haye, juge les individus auteurs de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité, mais uniquement en cas de défaillance des États à poursuivre ces crimes. La Cour Internationale de Justice (CIJ), également située à La Haye, règle les litiges entre États, à condition que ceux-ci acceptent sa compétence.

Ce que les Maliens Pensent du Retrait de la CPI : Micro-Trottoir à Bamako

Le retrait de la CPI continue de susciter des réactions à Bamako. Voici quelques témoignages :

Sambou Fané : "Le retrait du Mali rehausse sa valeur. C’est un couronnement de notre souveraineté."

Mahamadou Barry : "Ces trois pays peuvent désormais lutter ensemble contre le terrorisme."

Fatoumata Traoré : "La CPI est une cour injuste, partiale envers les pays africains."

Moussa Magassouba : "Pourquoi Sarkozy n’a-t-il pas été jugé par la CPI ? Se retirer, c’est affirmer notre souveraineté."

Agna Kanté : "La CPI semble exister uniquement pour les Africains. C’est injuste et absurde."

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