Rapport : Ingérence étrangère et réélection de Macky Sall en 2019
Un récent rapport d'AfricTivistes révèle que Facebook (Meta) aurait indirectement contribué à la réélection de Macky Sall à la présidence du Sénégal en 2019. Le rapport, intitulé "Manipulation et l'ingérence étrangère par le biais de l'information (FIMI) au Sénégal", met en lumière le rôle de plusieurs acteurs dans cette ingérence électorale.
Principales Conclusions du Rapport
Le document d'AfricTivistes met en évidence l'utilisation de stratégies numériques sophistiquées pour influencer l'élection présidentielle de février 2019. Parmi ces stratégies figurent l'amplification artificielle de contenus, l'astroturfing, le narrative seeding et les techniques de PsyOps numériques. Le rapport identifie sept acteurs principaux impliqués dans la réélection de Macky Sall, dont un groupe de hackers appelé Anonymous.
«L’analyse de l'élection présidentielle de février 2019 au Sénégal a permis d’identifier plusieurs schémas récurrents, révélant des stratégies numériques sophistiquées alignées avec les logiques FIMI (la Manipulation et l’ingérence étrangère par le biais de l’information).»
Le Rôle de Meta et d'Archimedes Group
Selon le rapport, Facebook (Meta) a indirectement contribué à la réélection de Macky Sall en 2019 en suspendant des comptes d'activistes et en censurant des contenus critiques. Le collectif de journalistes d'investigation "Forbidden Stories" rappelle également qu'Archimedes Group, une société israélienne spécialisée dans la désinformation à but politique, aurait influencé l'élection. En mai 2019, Meta a annoncé avoir démantelé un vaste réseau de comportements inauthentiques coordonnés liés à Archimedes Group.
Censure et "Discours Déshumanisant"
En 2023, Meta (Facebook) a censuré des contenus critiques envers Macky Sall, notamment ceux dénonçant une potentielle candidature à un troisième mandat. La plateforme a justifié cette censure en qualifiant l'utilisation d'un émoticône de singe dans une vidéo critiquant le président de "discours déshumanisant". Cette décision a été perçue comme une incompréhension des codes communicationnels sénégalais et des enjeux démocratiques locaux.
Oumar Ba et le Microciblage
Un reportage publié dans le Mail & Guardian décrit une opération numérique menée par Oumar Ba, ancien stratège des campagnes de Barack Obama. Ba aurait orchestré une vaste campagne de collecte de données au Sénégal, mobilisant plus de 4 600 volontaires pour recueillir des informations sensibles sur 3,5 millions de citoyens. Ces données ont été utilisées pour concevoir des campagnes électorales ciblées en faveur de Macky Sall.
StateCraft Inc et la Manipulation de la Perception Publique
L'implication de l'agence nigériane StateCraft Inc dans la campagne électorale de Macky Sall en 2019 constitue un exemple d'intervention externe dans la politique sénégalaise. StateCraft Inc a été mandatée pour renforcer l'image de Macky Sall, mobiliser l'électorat et neutraliser le scepticisme populaire.
Spallian et l'Utilisation Stratégique des Données Numériques
La société française Spallian, spécialisée dans l'analyse prédictive et la géointelligence, s'est également ingérée dans le processus électoral sénégalais. Spallian aurait été mandatée pour structurer une stratégie électorale fondée sur le Big Data, collectant et traitant les données personnelles de plus de 3,6 millions d'électeurs sénégalais.
Cabinet Kirjas Global et le Redressement d'Image
En 2022, le magazine The Africa Report révèle que le Sénégal a fait appel aux services du cabinet de lobbying américain Kirjas Global pour redorer l'image du Président Macky Sall à l'international.
L'Intervention du Groupe Anonymous
Plus récemment, en 2023, le gouvernement du Sénégal a dénoncé l'ingérence du groupe de hackers Anonymous, qui a attaqué le système informatique de l'État, paralysant son fonctionnement sur Internet. Cette attaque a soulevé des inquiétudes quant à un possible détournement de ressources et d'informations d'intérêt général à des fins électorales.