Un collectif de victimes d’un prêtre, incarcéré pour agressions sexuelles aggravées, dénonce « les silences » des diocèses de Dijon et Rabat, où le père a officié, sur leur « attitude et leur réponse » face à ces « violences », dans une lettre ouverte publiée lundi.
Seize personnes ont été recensées par le collectif « La parole accueillie », depuis la mise en examen et l’incarcération, fin mai, d’un prêtre du diocèse de Dijon pour agressions sexuelles aggravées sur mineur, qui a reconnu trois autres actes similaires.
Le père a officié dans de nombreuses paroisses autour de Dijon mais a été « exfiltré », selon les mots du collectif, en 2017 à Rabat à la suite d’une première plainte, depuis classée sans suite. Il est cependant rentré en France en 2024, après de nouvelles accusations au Maroc cette fois.
En novembre de la même année, le père a été interdit « de tout ministère auprès de mineurs », selon le diocèse de Dijon, après la plainte qui a conduit à son incarcération, en mai dernier.
La plainte émane d’un jeune homme pour des faits remontant à 2010. Il avait 12 ans à l’époque des faits. Depuis, trois autres plaintes ont été déposées, selon le collectif, ce que le parquet de Dijon ne confirme pas, invoquant « le secret de l’instruction ».
Le nombre de victimes pourrait être bien plus important, avertit le collectif, qui tente donc de retrouver les jeunes qui ont pu être en contact avec le prêtre, à Rabat et Dijon.
Mais ces diocèses ont fait preuve de « silences », écrit le collectif dans une lettre ouverte publiée lundi. Dans la missive, notamment adressée aux archevêques de Dijon, Antoine Hérouard, et de Rabat, Cristobal Lopez Romero, le collectif réclame « la liste de tous les accompagnements » faits par le père « en présence de jeunes ».
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L’association pose de plus un certain nombre de questions sur « l’attitude et la réponse des autorités ecclésiastiques face aux comportements réitérés de ce prêtre ».
« Aucun signalement »
Interrogé par l’AFP, l’archevêque de Rabat a assuré n’avoir reçu « aucun signalement » concernant le prêtre. « C’est moi-même qui ai observé des comportements que j’estimais non convenables et dangereux pour un prêtre, ce que je lui ai fait savoir à lui et à son évêque », à Dijon.
La justice n’a cependant pas été saisie car ces « comportements ne constituaient pas des actes délictuels ». « J’ai cherché la façon d’aider le père Yves à se faire conscient de ses actes », ce qui « a consisté à un changement d’ambiance, suivi psychologique et accompagnement spirituel », ajoute Mgr Romero.
A Dijon, Mgr Hérouard a quant à lui refusé de « médiatiser » les deux enquêtes en cours: celle de la justice pénale et celle canonique. « Les documents ont été transmis », a-t-il ajouté, assurant avoir pris « les restrictions nécessaires » après la plainte contre le prêtre. « Ma porte est ouverte pour recevoir des victimes éventuelles », a-t-il ajouté.
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