Surpopulation carcérale au Sénégal : Mesures urgentes annoncées par la ministre Yassine Fall
La ministre de la Justice du Sénégal, Yassine Fall, a effectué une visite à la prison de Rebeuss ce lundi. Suite à cette visite, elle a dénoncé la surpopulation carcérale, la qualifiant de problème structurel nécessitant une action rapide et concrète.
État des lieux à Rebeuss : Une crise de dignité humaine
Conçue pour environ 800 détenus, la prison de Rebeuss abrite actuellement plus de 3 700 personnes. Cette situation, dénoncée par Yassine Fall comme une « grave atteinte à la dignité humaine », est également considérée comme un frein majeur à l’efficacité de la politique pénale nationale. La ministre a souligné que cette réalité est régulièrement pointée du doigt par les organes de contrôle sénégalais et les institutions internationales.
L'absence de nouvelles prisons depuis l'indépendance
Yassine Fall a pointé du doigt l'absence de politique de construction de nouvelles prisons depuis l’indépendance du Sénégal en 1960, malgré la croissance constante de la population carcérale. Elle a évoqué un projet inachevé de construction d’un établissement de 2 500 places, intégré dans le programme de modernisation judiciaire, mais qui n’a pas abouti. Elle l'a qualifié de « scandale de détournement de deniers publics ».
Mesures d'urgence annoncées par la ministre
Pour remédier à la surpopulation carcérale, Yassine Fall a annoncé une série de mesures immédiates et structurelles, notamment :
- Un recours accru aux alternatives à l’incarcération pour les délits mineurs (médiation pénale, travaux d’intérêt général, bracelet électronique).
- L’aménagement systématique des peines pour les détenus malades, âgés ou proches de leur libération.
- L'activation prochaine de la procédure de grâce présidentielle, dans le respect des principes de justice et d’équité.
- La relance du programme de construction d’un nouvel établissement pénitentiaire moderne, encadré par un cahier des charges transparent.
Vers une justice restauratrice : Humanité et fermeté
La ministre a souligné la nécessité de passer d'une logique purement répressive à une ère de justice restauratrice et d’insertion, tout en précisant que cette politique d’humanisation ne rimerait pas avec laxisme. Aucune indulgence ne sera accordée aux auteurs de crimes de sang ni aux responsables de détournements de fonds publics. « La justice doit être humaine et réparatrice, mais elle doit aussi rester ferme et sans complaisance face à ceux qui bafouent les valeurs de notre société », a-t-elle affirmé.
