Expulsions des États-Unis : Des Africains de l'Ouest Abandonnés au Togo
Plusieurs ressortissants d'Afrique de l'Ouest, expulsés des États-Unis, se retrouvent abandonnés au Togo sans documents d'identité ni assistance légale. Ces personnes, après avoir transité par le Ghana, sont livrées à elles-mêmes, suscitant l'indignation des organisations de défense des droits humains et des avocats.
Un Accord États-Unis - Ghana Controversé
L'affaire a débuté lorsque le président ghanéen, John Mahama, a révélé un accord avec Washington pour accueillir des expulsés de la sous-région. Ce programme d'expulsions s'inscrit dans la continuité de la politique menée sous la présidence de Donald Trump, souvent critiquée pour son manque de transparence et le non-respect des droits des migrants.
Selon des témoignages recueillis par l'AFP et d'autres sources, entre huit et dix personnes ont été transférées de force du Ghana vers le Togo, sans passer par les postes frontières officiels et sans passeports. Elles se retrouvent ainsi en situation de clandestinité.
Témoignages de Détresse
Parmi ces expulsés, "Benjamin", un Nigérian, et "Emmanuel", un Libérien, témoignent de leur situation précaire. Ils affirment avoir été détenus dans des conditions difficiles dans un camp militaire au Ghana, avant d'être abandonnés à la frontière togolaise. Benjamin raconte qu'il partage une chambre d'hôtel avec trois autres personnes et survit grâce à l'aide financière envoyée par sa famille restée aux États-Unis.
« Nous vivons dans la clandestinité, car nous n’avons aucun document d’identité », a confié Emmanuel.
Ces hommes, détenteurs de cartes de résident permanent ("cartes vertes") et mariés à des citoyennes américaines, se retrouvent désormais sans statut légal et dans la crainte constante d'être arrêtés.
Violations des Droits et Appel à l'Action
Des avocats dénoncent un contournement des lois américaines, soulignant que certains expulsés bénéficiaient de décisions de justice interdisant leur renvoi en raison de risques de persécution dans leur pays d'origine. Un Gambien bisexuel, par exemple, a été renvoyé dans son pays malgré la criminalisation de l'homosexualité.
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme a appelé le Ghana à cesser ces expulsions vers le Nigeria, la Gambie, le Togo, le Mali, le Liberia et tout autre pays où les personnes pourraient être soumises à la torture.
Réactions et Perspectives
Le Département d'État américain a déclaré qu'il "continuerait à utiliser tous les moyens appropriés" pour expulser les étrangers jugés indésirables. Les gouvernements togolais et ghanéen n'ont pas encore réagi publiquement à ces accusations. La situation met en lumière les complexités et les conséquences humaines des politiques migratoires, ainsi que la nécessité d'une coopération internationale respectueuse des droits fondamentaux.