Affaire des fonctionnaires fictifs au Mali : Ne sacrifions pas nos meilleurs enfants !
L'affaire des "fonctionnaires fictifs" au Mali soulève une vague d'indignation. Alors que les autorités mènent une opération de nettoyage pour débusquer la fraude et la corruption, des voix s'élèvent contre les injustices potentielles qui pourraient frapper de véritables serviteurs de l'État.
Une opération de nettoyage nécessaire, mais risquée
Depuis plusieurs mois, le gouvernement malien a entrepris une vaste opération pour identifier et éliminer les "fonctionnaires fictifs" qui coûtent des milliards de francs CFA aux finances publiques. Bien que l'objectif de mettre fin à la fraude soit largement soutenu, des inquiétudes subsistent quant à la méthode d'exécution, qui pourrait broyer des fonctionnaires légitimes.
Comme le souligne l'auteur, DICKO Seidina Oumar, "Dans l'exécution, la machine administrative peut déraper, car de véritables serviteurs de l'État peuvent se retrouver broyés, humiliés, privés de leur dû."
Le cas emblématique du Dr Moussa Malick Traoré
L'histoire du Dr Moussa Malick Traoré, un médecin recruté en 2017, illustre parfaitement les risques de cette opération. Au lieu de choisir un poste confortable à Bamako, il a volontairement servi dans la zone des trois frontières, épaulant les FAMa. Pendant cinq ans, il a affronté des dangers extrêmes, sauvant des vies et servant son pays avec dévouement.
Aujourd'hui, il est considéré comme un "fictif", privé de salaire et humilié. "Il a donné son sang plus de trente fois pour sauver nos soldats. Il a traversé les zones rouges d'Ansongo. Il a affronté le COVID en 2020, le choléra en 2021." rapporte l'auteur, soulignant l'injustice de la situation.
Les conséquences désastreuses de l'injustice
Le cas du Dr Traoré n'est pas isolé. Des enseignants et d'autres fonctionnaires se retrouvent également injustement placés sur les listes des "fictifs". Cette situation crée un climat de désespoir et de méfiance envers l'État. Sacrifier des fonctionnaires dévoués au nom de la lutte contre la fraude est une faute politique et morale grave.
DICKO Seidina Oumar insiste : "On ne peut pas, d'un côté, exiger de nos médecins, de nos enseignants, nos ingénieurs... des sacrifices inouïs et, de l'autre, les traiter comme des fraudeurs. C'est briser la confiance entre l'État et ses serviteurs."
Appel à la vigilance et à la justice
Il est crucial de lutter contre la fraude dans la fonction publique. Cependant, cette lutte ne doit pas se transformer en une chasse aux sorcières aveugle qui punit les innocents. Il est impératif de faire la distinction entre les fraudeurs et les héros, afin de ne pas sacrifier les meilleurs enfants du Mali sur l'autel de l'incompétence.
L'auteur conclut par un appel pressant aux décideurs : "Corrigez, rétablissez, respectez. Car un pays qui humilie ses héros creuse leurs tombes."
Le cri du cœur du Dr Moussa Malick Traoré : "Je ne suis pas un fictif, mais l'un des meilleurs que l'État ait recrutés." doit être entendu.
DICKO Seidina Oumar, Journaliste- Historien- Écrivain