Plusieurs secteurs ont répondu à l'appel à la grève du 2 octobre lancé par l'intersyndicale et si beaucoup comptent se mobiliser, les perturbations devraient être moins importantes.
Deuxième journée de grève et troisième mobilisation depuis la rentrée, cette journée du 2 octobre sera-t-elle accompagnée de fortes perturbations ? Elle n'en prend pas le chemin. La grève du 2 octobre, lancée à l'appel de l'intersyndicale après un rendez-vous jugé décevant avec le Premier ministre, devrait être moins suivie que celle du 18 septembre à en croire les premiers signaux. Les huit organisations syndicales ont pourtant appelé à une mobilisation "massive" et le mouvement citoyen "Bloquons Tout" a annoncé se joindre à cette nouvelle journée d'action face à l'absence de réponse de Matignon aux revendications sociales, notamment celles concernant la justice fiscale et la réforme de retraites.
Face à l'intersyndicale comme dans une interview donnée au Parisien, le Premier ministre a reconnu la nécessité de revoir la répartition des efforts en matière de fiscalité tout en fermant la porte à certaines taxes visant les plus riches comme la taxe Zucman, mais a refusé de suspendre la réforme des retraites. De fait, "le compte n'y est pas" pour la CFDT. L'objectif de la grève du 2 octobre est donc de se faire entendre face au gouvernement, en particulier sur la question du budget 2026. Alors, quels secteurs seront les plus impactés par les manifestations à venir ? On fait le point.
Le syndicat FSU-SNUipp, qui regroupe les enseignants du premier degré, a appelé le personnel de l'Éducation nationale à la grève sur son site internet : “Après un 10 septembre combatif, un 18 septembre massif, il s’agit de poursuivre et d’amplifier la mobilisation le jeudi 2 octobre”. Mais l'appel semble avoir moins pris que le précédent. Sur la base d’un sondage auprès des professeurs des écoles, dans différentes académies, la FSU – SNUipp, syndicat majoritaire dans le premier degré, annonce un taux de 10 % de grévistes seulement ce jeudi.
Même chose du côté de l’enseignement secondaire, où le SNES-FSU a également appelé les professeurs à se mettre en grève jeudi 2 octobre. S'il s'agit "d'une mobilisation d'intérêt général" selon Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU et professeure en Essonne, la syndicaliste a reconnu difficile pour les enseignements de faire grève plusieurs jours durant les premiers mois de cours durant lesquels il est "important de voir les élèves, de tisser le lien avec eux". Les enseignants du collège étaient les plus mobilisés le 18 septembre, mais même de leur côté le taux envisagé de grévistes est à la baisse. Dans les collèges et les lycées les enseignants ne sont pas tenus de se déclarer grévistes à l'avance, il faut donc attendre le jour-J pour connaître l'ampleur de la grève.
Les quatre syndicats majoritaires de la SNCF ont appelé à la grève, mais les perturbations annoncées restent limitées pour l'heure. Le trafic des TGV "devrait être peu perturbé sur le réseau ferroviaire", a annoncé le ministère des Transports ce mardi. Il a toutefois annoncé "quelques perturbations à prévoir" sur les TER en fonction des régions. Les trains régionaux de l'Occitanie, et de l'Auvergne-Rhône-Alpes seront les plus touchés. Mais des difficultés sont aussi annoncées en Normandie, en Nouvelle-Aquitaine ou encore en Provence-Alpes-Côte d'Azur et ailleurs.
Du côté de la RATP, ou du moins des transports parisiens, aucun problème à signaler sur les lignes de métro : elles fonctionnent toutes normalement ou quasi-normalement de la 1 à la 14. Même chose pour les Tramways. Les prévisions sont toutefois moins optimistes pour les RER. Si les lignes A et B fonctionnent presque normalement, des perturbations plus ou moins marquées sont annoncées sur le C, la E et surtout la D qui est la ligne la plus perturbée. Pour les Transiliens, certaines lignes fonctionnent bien, mais d'autres ne compteront que de 2 trains sur 3 ou 1 train sur 3 comme la R, la ligne la plus perturbée.
Dans le secteur aérien, 75 grévistes se sont déclarés selon le ministère qui annonce "des retards à prévoir", mais "un impact limité" sur le trafic. "Aucune perturbation significative n’est à prévoir dans les aéroports parisiens", insiste le ministère.
Ce secteur devrait partiellement se mobiliser pour la grève du 2 octobre. La CFDT santé-sociaux a déposé son préavis de grève auprès de la ministre du Travail et a appelé à se mobiliser “massivement” ce jour-là. Le syndicat dénonce "les baisses de financement dans les établissements et services" qui "continuent ainsi de dégrader tout le secteur de la santé et de la cohésion sociale", entre autres. Les pharmaciens, fortement mobilisés le 18 septembre, ne devraient pas prendre part à la grève cette fois.
La Fédération CGT des services publics a appelé "ses syndicats à organiser et participer aux actions locales et nationales partout où ce sera possible". Solidaires-Fonction publique et SUD-Collectivités Territoriales ont également déposé un préavis de grève pour ce jeudi 2 octobre. Sont concernés : les agents des établissements publics, des offices de l'habitat, des services et entreprises de l'eau, de la thanatologie, des villes, des métropoles, des départements et des régions. Toutefois, seuls 12,7 % des agents de la fonction publique de l’Etat avaient fait grève le 18 septembre et ils pourraient être encore moins nombreux ce jeudi. Les fonctions publiques territoriale et hospitalière ne comptaient, pour leur part, qu’un peu plus de 7 % de grévistes chacune.
D'autres secteurs ou services se mobilisent pour la grève du 2 octobre. La Fédération CGT FAPT a ainsi déposé un préavis de grève de 24 heures qui concerne tous les employés de La Poste. Le 18 septembre dernier, La Poste avait déjà participé à la grève. Du côté des banques, la CFDT a annoncé son soutien à l’appel de l’intersyndicale sur son site en ligne.
L'intersyndicale s'est laissé quelques jours pour préparer au mieux une journée de grève et de manifestation qu'elle espère aussi suivie que celle du 18 septembre qui avait poussé entre un million et 500 000 personnes dans les rues, selon les bilans respectifs de la CGT et du ministère de l'Intérieur. Un première mobilisation - après celle du 10 septembre lancée par le mouvement citoyen Bloquons Tout - qui a confirmé "la colère et la détermination des salariés" selon les syndicats. L'intersyndicale appelle à une mobilisation au moins aussi forte en octobre, voire plus. "Je pense que le monde du travail ne doit pas abdiquer, il doit continuer de se mobiliser pour pouvoir dire : 'on ne veut pas être les seuls à être mis à contribution'", a déclaré Marylise Léon au journal de France 2 mercredi soir dernier.
Avant leur (deuxième) rencontre avec le chef du gouvernement, les syndicats assuraient avoir l'avantage : "Nous sommes en position de force", déclarait Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT sur France 5. L'intersyndicale avait d'ailleurs précisé ses attentes : elle réclame "l'abandon de l'ensemble du projet de budget et notamment le doublement des franchises médicales", l'abandon de "l'année blanche" ou encore celui de "la désindexation des pensions", mais elle demande aussi la suppression de la "réforme de l'assurance-chômage" ou encore l'abandon du recul de l'âge du départ à la retraite à 64 ans.
A la date du 2 octobre, le gouvernement de Sébastien Lecornu ne devrait pas encore être formé, l'intersyndicale aura donc l'occasion de faire une nouvelle fois pression sur le Premier ministre pour faire entendre ses revendications durant la grève. Il sera également encore temps d'essayer de peser sur le projet de loi de finances de 2026 qui doit être présenté avec le 15 octobre à l'Assemblée nationale, au plus tard.
[SRC] https://www.linternaute.com/actualite/societe/8833482-greve-du-2octobre-dans-les-ecoles-les-transports-a-l-hopital-les-perturbations-secteur-par-secteur/