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Jusqu'à récemment, plus de 90 % des affaires traitées par la Cour provenaient du continent africain. Et la plus controversée, ayant accentué les doutes parmi les Africains à propos de la CPI, est celle de la Côte d'Ivoire, un Etat non signataire.
Le 17 juillet 1998, des représentants de 160 nations se sont réunis à Rome, en Italie, pour finaliser un statut établissant une Cour pénale internationale (CPI).
Malgré de nombreuses controverses, la conférence a finalement adopté le Statut de Rome, avec 120 pays votant en faveur, sept contre et vingt et un s'abstenant. La Cour pénale internationale devait voir le jour une fois que 60 nations auraient ratifié le traité.
Bien que le statut ait été initialement rédigé à Rome, il a été amendé en 1998, 1999 et 2000. La Cour a été officiellement établie en janvier 2002, après que 60 États signataires, dont 22 en Afrique, ont ratifié le traité. Aujourd'hui, la CPI compte 125 États membres, dont 33 nations africaines, avec son siège à La Haye, aux Pays-Bas.
L'idée de créer la CPI a émergé après la mise en place de plusieurs tribunaux pénaux spéciaux et temporaires à la suite de la Seconde Guerre mondiale pour poursuivre les criminels de guerre, ainsi que des tribunaux dans les années 1990 et 2000 qui ont traité des crimes de guerre et des actes de génocide en Sierra Leone, au Rwanda et dans l'ex-Yougoslavie.
Créée avec le soutien des pays d'Europe occidentale, du Canada et de l'Australie, la CPI a été établie comme une cour permanente pour juger les individus accusés des crimes les plus graves d'intérêt international, à savoir le génocide, les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et le crime d'agression, dans le but de mettre fin à l'impunité et d'étendre la justice aux victimes.
L'Union européenne a fortement promu l'adhésion à la CPI, allant jusqu'à menacer, dans les années 2000, de couper les liens, y compris l'aide conditionnelle, avec les États africains refusant de rejoindre la Cour.
Peu après sa création, la CPI a commencé à traiter principalement des affaires provenant d'Afrique. Jusqu'à récemment, plus de 90 % des affaires traitées par la Cour provenaient du continent. Deux dirigeants africains, l'ancien président du Soudan Omar el-Béchir et le président kényan de l'époque, ainsi que son adjoint William Ruto (aujourd'hui président du Kenya), ont été poursuivis par la Cour sous des mandats d'arrêt en suspens. Ils ont ensuite été acquittés, mais leurs affaires ont suscité l'indignation au sein de l'Union africaine, entraînant de vives critiques et des appels au retrait total des États africains de la CPI.
Peut-être l'affaire la plus controversée, qui a approfondi les doutes parmi de nombreux dirigeants africains à propos de la Cour, est celle de la Côte d'Ivoire, un État non signataire. Dans ce cas, le président légalement élu, Laurent Gbagbo, a été traduit devant La Haye avec l'intervention des troupes françaises stationnées dans le pays, pour être finalement acquitté en 2019.
PHOTO D'ARCHIVE : La CPI tient une audience pour confirmer les accusations portées contre le chef d'une milice centrafricaine.
D'un autre côté, depuis la création de la CPI en 2002, des crimes graves contre l'humanité, des crimes de guerre et des crimes d'agression ont été commis par des États membres tels que le Royaume-Uni lors de ses invasions de l'Afghanistan et de l'Irak. Cependant, la Cour n'a pas enquêté sur ces crimes, ni sur ceux commis par les États-Unis, Israël, la Syrie, le Sri Lanka et plusieurs autres.
Par exemple, dans le cas d'Israël, accusé d'apartheid et de graves violations des droits de l'homme, la Cour n'a pris aucune mesure jusqu'en novembre 2024, lorsqu'elle a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant.
Dans le passé, des responsables israéliens ont intimidé l'ancienne procureure de la CPI, Fatou Bensouda, et sa famille, tandis que les États-Unis l'ont sanctionnée et lui ont interdit l'entrée sur leur territoire. Les États-Unis sont même allés plus loin en imposant des sanctions aux procureurs et juges actuels de la CPI pour avoir enquêté sur des crimes de guerre présumés israéliens.
[SRC] http://malijet.com/actualite_internationale/305576-cpi--trahison-par-les-createurs-une-voie-de-sortie-pour-les-etat.html