Le Cameroun mise sur le manioc pour réduire sa dépendance au blé et dynamiser son agro-industrie
Le Cameroun repositionne activement le manioc comme culture stratégique pour diminuer sa forte dépendance au blé importé. Cette initiative vise à tirer parti des opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), tout en renforçant la sécurité alimentaire et en stimulant l'entrepreneuriat féminin dans l'agro-industrie.
Pôles agro-industriels et soutien aux femmes
Sous l'égide du ministère des Petites et moyennes entreprises, de l’Économie sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa), des programmes d'appui aux femmes dans les chaînes de valeur du manioc s'intensifient. Le gouvernement camerounais prévoit la mise en place de pôles agro-industriels dans les principaux bassins de production. Ces pôles comprendront des terres agricoles, des champs de multiplication de semences, de petites unités de transformation et des formations destinées aux coopératives féminines.
Le projet pilote de Mbangassina
Un projet pilote est déjà en cours à Mbangassina, dans la région du Centre. Les autorités le présentent comme un modèle. Des terres ont été attribuées à des groupes de femmes, et une unité de transformation de farine de manioc est en construction, avec une capacité de production estimée à plusieurs milliers de tonnes par an. Mbangassina pourrait bien être un catalyseur du changement.
L'enjeu de la réduction des importations de blé
L'enjeu est de taille : le Cameroun importe chaque année près de 800 000 tonnes de blé, pour une facture évaluée à 178 milliards FCFA en 2023. L'incorporation de 10 à 15 % de farine de manioc dans le pain et les pâtisseries permettrait de réduire significativement cette dépendance tout en soutenant les producteurs locaux et la sécurité alimentaire.
Défis et perspectives de l'agro-industrie
Chaque pôle agro-industriel pourrait employer directement plusieurs centaines de femmes et générer plus de 10 000 emplois à l'échelle nationale. Cependant, des obstacles subsistent : irrégularité de la qualité, infrastructures limitées et coûts élevés des investissements. Les expériences passées au Cameroun, ainsi que les exemples du Nigeria et du Ghana, montrent que la réussite dépendra d'un alignement entre technologie, financement et acceptation du marché.
Stratégie industrielle et inclusion sociale
En plaçant les femmes entrepreneures au cœur de cette politique, Yaoundé tente de concilier stratégie industrielle et inclusion sociale. Si les défis sont surmontés, le manioc pourrait devenir le levier d'une transformation agro-industrielle locale et régionale. Pour l'instant, l'ambition devance encore la réalité.
Caractéristique | Détail |
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Culture stratégique | Manioc |
Objectif | Réduire la dépendance au blé importé |
Impact | Renforcement de la sécurité alimentaire et entrepreneuriat féminin |
Zone concernée | Cameroun |
Source : Ange NGO, Cameroun24.net [SRC]