Une décision passée sous silence ! C’est une mesure qui fait bondir. Valérie Pécresse et sa majorité régionale ont décidé de supprimer, dès 2025, les subventions accordées aux huit MDPH d’Île-de-France. Ces structures, essentielles pour l’accompagnement des personnes handicapées, s’appuient sur le Fonds départemental de compensation du handicap (FDC). Ce dispositif permet chaque année à près de 2 000 Franciliens de financer l’aménagement de leur logement, l’achat d’un fauteuil roulant ou d’un véhicule adapté.
En 2024, l’aide régionale s’élevait à plus de deux millions d’euros, soit environ 230 000 euros par département. Rapportée au budget global de la région, fixé à 4,5 milliards d’euros pour 2025, la somme paraît dérisoire. Pour l’opposition, la coupe budgétaire représente surtout un « bras d’honneur » adressé aux 7 % de Franciliens reconnus administrativement handicapés.
L’opposition dénonce une injustice sociale
Dans un communiqué, dix élus départementaux et parisiens de gauche condamnent une décision « inique » et « contraire à la justice sociale ». Céline Malaisé, présidente du groupe Gauche Communiste, Écologiste et Citoyenne au Conseil régional, rappelle que la Région avait pourtant déclaré en 2024 le handicap « grande cause régionale ».
Même constat en Seine-Saint-Denis, où Stéphane Blanchet, vice-président en charge de l’autonomie, s’alarme des répercussions. « L’arrêt de cette subvention va peser sur le pouvoir d’achat des familles », déclare-t-il. Selon lui, 71 % des bénéficiaires du département ne laissent qu’un reste à charge de six euros grâce à ce fonds. Sans la participation de la Région, le risque est d’accentuer les inégalités entre territoires.
La Région invoque la rigueur budgétaire
Face aux critiques, la majorité régionale assume son choix. Pierre Deniziot, délégué au handicap, rejette l’idée d’un passage en force. « Les présidents des Conseils départementaux ont été mis au courant par Valérie Pécresse fin 2024 lors du débat sur les orientations budgétaires 2025 », assure-t-il.
Il insiste sur les efforts déjà consentis : « Il n’y a pas de volonté de faire des économies sur le handicap. Nous investissons chaque année 150 millions d’euros pour cette cause. » Selon la Région, la baisse de 5 % de ses recettes en 2025, soit 321 millions d’euros, l’a contrainte à se recentrer sur ses compétences légales.
L’argument de la redondance des aides
Dans un communiqué diffusé le 24 septembre, la Région précise que la fin de cette subvention exceptionnelle s’explique aussi par l’évolution des financements nationaux. L’Assurance maladie prend désormais en charge l’intégralité du coût des fauteuils roulants, ce qui rendrait inutile l’aide régionale.
Pour l’exécutif, il s’agit donc d’un retour à la normale. Depuis 2014, la Région subventionnait les MDPH de façon dérogatoire, une compétence qui relève normalement des départements.
Des alternatives mises en avant
La majorité cite d’autres initiatives en faveur des personnes en situation de handicap : soutien à l’habitat inclusif, financement de structures spécialisées, création d’un budget participatif handicap doté d’un million d’euros par an, ou encore la prime de 2 000 euros versée aux personnes handicapées inscrites en formation professionnelle.
Elle met également en avant le service PAM (Pour Aider à la Mobilité), qui permet à 22 000 usagers de se déplacer à tarif réduit grâce à une application de réservation. Le nombre de trajets est passé d’environ 700 000 à un million en deux ans. Mais le dispositif souffre encore de retards et d’annulations, régulièrement dénoncés par ses utilisateurs.
Des départements déjà en repli
En attendant un éventuel rétropédalage, certains territoires s’adaptent. Le département des Hauts-de-Seine a acté le « renoncement » de la participation régionale, estimée à 46 % en 2025. Son président, Georges Siffredi (LR), propose de maintenir une enveloppe de 90 000 euros et d’ouvrir une réflexion sur les barèmes et plafonds des aides.
Et maintenant ?
Le bras de fer politique est engagé : la gauche réclame un retour en arrière, la majorité renvoie aux compétences des départements et à ses priorités d’investissement. Le dossier reste ouvert : l’exécutif régional promet des moyens “ciblés”, les départements comptent ajuster leurs barèmes. Entre contraintes financières et besoins très concrets, l’équation du handicap en Île-de-France se rejoue, au risque d’un effet ciseau pour les ménages les plus fragiles.
[SRC] https://www.beurfm.net/subventions-aux-mdph-coupees-en-ile-de-france-colere-et-incomprehension