Affaire Madiambal Diagne : Révélations sur un Blanchiment de 12 Milliards FCFA
L'affaire impliquant le journaliste Madiambal Diagne et sa famille prend une nouvelle tournure. Accusés de blanchiment de 12 milliards FCFA, son épouse Mame Bineta Diaby, ses fils Mohamed et Saliou, ainsi que son marabout Serigne Mor Mbaye, ont été placés sous mandat de dépôt. Cette affaire met en lumière des flux financiers suspects liés au Programme de Modernisation et de Construction d'Infrastructures de la Justice (PMCIJ).
L'enquête et les Flux Financiers Suspects
Selon le réquisitoire du procureur Ablaye Diouf, l'enquête a débuté suite à un rapport de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF). Ce rapport signale des mouvements de fonds suspects impliquant Madiambal Diagne, la SCI Pharaon, et la société Ellipse Projects PTE Ltd. Ces transactions seraient liées à un contrat de partenariat public-privé (PPP) pour la construction de bâtiments judiciaires.
Un Contrat de Sous-Traitance Anticipé et Surfacturé
Le contrat principal, d'une valeur de 250 milliards FCFA, visait la construction de 69 bâtiments judiciaires et d'un hôpital à Ourossogui. Cependant, un contrat de sous-traitance anticipé, signé entre Ellipse Projects et la SCI Pharaon pour 20,3 milliards FCFA, a attiré l'attention. La CENTIF juge ce montant disproportionné, évoquant une possible surfacturation et une "planification occulte" du projet. Les enquêteurs soupçonnent une collusion entre les parties, car les prestations du contrat principal étaient déjà définies dans le contrat de sous-traitance.
La SCI Pharaon : Une Entreprise Familiale au Centre du Dispositif
La SCI Pharaon, créée avec un capital de 1 million FCFA, est une entreprise familiale détenue par Madiambal Diagne, son épouse Mame Bineta Diaby, et leurs six enfants. L'entreprise ne possède aucune expertise technique documentée en BTP. Madiambal Diagne est soupçonné d'avoir introduit Ellipse Projects auprès des autorités et d'avoir joué un rôle central dans la structuration du contrat au profit de sa société. Entre avril 2021 et juin 2022, la SCI Pharaon a encaissé plus de 12 milliards FCFA provenant d'Ellipse Projects, incluant des crédits suspects et des retraits massifs.
Soupçons de Blanchiment de Capitaux et Implication des Responsables d'Ellipse Projects
La CENTIF soupçonne la SCI Pharaon d'avoir utilisé le contrat pour obtenir des financements, notamment une ligne de crédit de 5 milliards FCFA. Les enquêteurs estiment qu'il s'agit d'un montage financier visant à détourner des fonds publics. Du côté d'Ellipse Projects, les responsables Alex Alizé, Olivier Picard, et Arnaud Cudel sont accusés d'avoir validé une sous-traitance anticipée, accepté des rémunérations excessives, et facilité l'intégration de la SCI Pharaon au projet. Leurs actions sont perçues comme une participation délibérée au montage frauduleux.
Chefs d'Accusation et Détention Préventive
Le procureur financier a retenu plusieurs chefs d'accusation, notamment :
- Association de malfaiteurs commise par un groupe criminel organisé.
- Escroquerie sur des deniers publics estimée à 12 milliards FCFA.
- Blanchiment de capitaux commis en bande organisée.
- Complicité de blanchiment concernant Mame Bineta Diaby.
Ces délits sont punis par le Code pénal et par la loi de 2024 sur la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. La détention préventive de Madiambal Diagne, de son fils Mohamed Diagne, et des responsables d'Ellipse Projects est justifiée par le montant de l'escroquerie, supérieur à 100 millions FCFA, et l'absence de remboursement. La mise en liberté de Mame Bineta Diaby pourrait favoriser la dissimulation de fonds et des collusions, justifiant également son placement sous mandat de dépôt.
Mesures Conservatoires et Saisies en Vue
Le parquet a requis des mesures conservatoires, incluant l'interdiction de sortie du territoire, l'identification et la saisie des biens immobiliers et mobiliers des inculpés, ainsi que le gel des comptes bancaires. L'identification de tous les véhicules et fonds de commerce leur appartenant ou appartenant à leurs proches est également demandée.