L'Alliance des États du Sahel (AES) Affirme sa Souveraineté à l'ONU
Les Premiers ministres du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont marqué l'Assemblée générale des Nations Unies par un discours commun audacieux, affirmant la souveraineté et l'indépendance de l'Alliance des États du Sahel (AES) face à un ordre international jugé obsolète. Ils ont exprimé une volonté de rupture avec les pratiques post-coloniales et de redéfinition des relations internationales.
Un Manifeste pour l'Indépendance Diplomatique
Leurs interventions, coordonnées et empreintes de dignité, ont été perçues comme une déclaration d'indépendance diplomatique. Ali Lamine Zeine, Premier ministre du Niger, a déclaré avec force : « Nous ne demandons pas la permission d'exister. Nous ne sommes pas contre le monde, mais nous sommes désormais maîtres de notre trajectoire ». Ces mots soulignent la détermination de l'AES à tracer sa propre voie.
Jean-Emmanuel Ouédraogo, Premier ministre du Burkina Faso, a insisté sur la nécessité de refonder le multilatéralisme pour que l'Afrique devienne actrice de son propre destin. Il a dénoncé les stéréotypes et les discours qui maintiennent le continent dans une position d'assisté.
Abdoulaye Maïga, Premier ministre du Mali, a adopté un ton ferme en condamnant les ingérences et les violations territoriales. Il a également accusé certains États de soutenir le terrorisme international, réaffirmant le droit des États du Sahel à se défendre contre les menaces.
Une Vision Communautaire et Économique
Au cœur de cette démarche se trouve une philosophie communautaire, ancrée dans les traditions sahéliennes. Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères, a résumé cette aspiration à l'indépendance et à la souveraineté comme une rupture avec des pratiques qui ne servent pas les intérêts des populations.
L'AES ne se limite pas à une approche sécuritaire. Elle propose une vision de civilisation. Le Premier ministre malien a annoncé la création d'une Banque confédérale pour l'Investissement et le Développement, destinée à financer des projets structurants dans des domaines essentiels comme les infrastructures, l'énergie, l'industrialisation et l'agriculture. L'AES revendique aussi une meilleure représentation de l'Afrique au Conseil de sécurité de l'ONU.
Un Appel à la Solidarité Africaine
Les discours des Premiers ministres ont dénoncé les sanctions économiques, les ingérences politiques et les conditionnalités humiliantes qui perpétuent les mécanismes de domination post-coloniale. Ils appellent à un soutien massif des intellectuels, des diasporas, des mouvements sociaux et des citoyens africains pour soutenir cette vision d'une Afrique souveraine. L'AES tend la main aux partenaires sincères, mais exige respect, réciprocité et la fin des tutelles.
La démarche des Premiers ministres du Mali, du Burkina Faso et du Niger représente un tournant potentiellement majeur dans les relations internationales, une affirmation de la souveraineté africaine qui appelle à une refonte des relations entre l'Afrique et le reste du monde. Il appartient désormais au monde de choisir la voie à suivre face à cette nouvelle dynamique.