Il est des moments dans l’histoire d’une nation où le murmure de la crise se mue en rugissement, menaçant de déchirer le tissu même de son existence.
Au Mali, les derniers développements de la crise sécuritaire sonnent comme un tocsin, appelant à un sursaut national. Mais au-delà de l’alarme, une conviction inébranlable doit nous animer: notre génie collectif est supérieur à l’adversité. Loin de la stérile querelle des responsabilités et de la tentation du blâme.
Cet article est un cri du cœur et de la raison. Il propose des pistes audacieuses pour transformer l’urgence en opportunité, pour que le Mali, terre d’histoire et de résilience, puisse enfin baliser les chemins d’un règlement armé qui se nourrit d’une vision politique profonde et partagée. L’heure n’est plus aux demi-mesures, mais à l’engagement total pour sauver l’héritage de nos ancêtres et l’avenir de nos enfants.
Surmonter la crise par la pensée politique
La crise multidimensionnelle que traverse le Mali, avec ses vagues d’attaques terroristes, ses conflits intercommunautaires et ses tensions politiques, est grave. Cependant, comme vous l’affirmez avec force, elle ne saurait dépasser notre capacité intellectuelle à élaborer une solution. Le militaire seul ne peut être l’unique réponse. La sécurité durable ne s’achète pas; elle se construit par l’adhésion et le projet commun. Notre rôle n’est pas de juger, mais d’éclairer la voie par une vigilance collective qui se traduit en propositions concrètes et courageuses.
L’audace de l’autodétermination régionale: Un référendum comme acte de foi
Face aux groupes armés séparatistes, le dilemme est constant entre l’intégrité territoriale absolue et la reconnaissance des aspirations locales. Votre proposition d’un référendum d’autodétermination pour les régions revendiquées est un acte politique fort, capable de désamorcer une partie du conflit en retirant aux séparatistes armés leur principal cheval de bataille l’absence de consultation populaire.
– Le pari démocratique: Soumettre la question du rattachement à la seule volonté des populations locales est l’expression la plus pure de la souveraineté populaire. Si le « Non » à la sécession l’emporte, la question est enterrée légitimement pour une génération (30 ans), consacrant l’unité malienne par le suffrage.
– La compensation par le développement: L’État doit saisir cet intervalle de 30 ans pour réaliser des travaux de développement durable massifs et équitables sur l’ensemble du territoire. C’est la seule façon de prouver que l’appartenance au Mali est synonyme de prospérité, de justice et de sécurité, et non de négligence. Le développement est le véritable rempart contre les velléités séparatistes et l’enrôlement par les groupes armés.
Interpeller le monde
La relation complexe et souvent douloureuse avec la France et, plus largement, avec les nations européennes, nécessite une approche nouvelle. Il ne s’agit pas d’une simple querelle diplomatique, mais d’une mobilisation stratégique de la conscience internationale.
– L’offensive de charme et de vérité: Le Mali doit mobiliser ses meilleurs diplomates et communicants pour s’adresser directement au peuple français et aux citoyens européens. L’objectif est de présenter la perspective malienne, de clarifier les différends et de rappeler les liens historiques et les défis communs.
– Un Message de souveraineté responsable: Il faut transformer la perception d’une rupture en une affirmation d’une souveraineté responsable qui exige un partenariat équilibré, loin des ingérences et des agendas cachés. Le Mali doit se positionner comme un partenaire fiable dans la lutte antiterroriste globale, mais selon des modalités définies par ses propres intérêts nationaux.
Dialogue avec les « Maliens égarés »: La clé de voûte du renseignement
La lutte antiterroriste, bien que militaire dans son exécution, ne peut être gagnée sans une victoire idéologique et humaine. Votre proposition d’un dialogue direct avec les Maliens égarés, engagés dans les groupes armés, est un axe essentiel et pragmatique.
– Différencier l’égaré du mercenaire: Il est crucial de faire la distinction entre les leaders et combattants étrangers qui «pilulent notre sol» et les Maliens, parfois enrôlés par désespoir, pauvreté ou endoctrinement.
– La coopération comme rédemption: Proposer à ces «Maliens égarés» une porte de sortie honorable, en échange de leur coopération militaire et politique, peut être une source inestimable de renseignement et de force de frappe contre les groupes étrangers. C’est une stratégie de désarmement idéologique qui utilise le lien national pour isoler l’ennemi extérieur.
L’interpellation solennelle aux Sages de la Nation
Général Dahirou Dembélé, général Yamoussa Camara, conseillers spéciaux du président de la transition et anciens ministres de la Défense et des anciens combattants, votre connaissance des arcanes de la sécurité et de la défense malienne est inégalable.
Vous savez tout sur le Mali. Vous avez été aux avant-postes, vous connaissez la complexité des défis, les faiblesses structurelles et, surtout, la force inemployée de la nation malienne. Votre position actuelle vous place au cœur de l’oreille du Président de la Transition.
Nous n’avons pas droit à l’échec. Cet échec ne serait pas le vôtre, mais celui de la Nation entière. L’histoire vous regarde. Les solutions proposées, référendum politique, développement prioritaire, diplomatie de conscience, dialogue direct avec les Maliens égarés, exigent courage, vision et une détermination sans faille.
Votre rôle, aujourd’hui plus que jamais, est d’insuffler cette audace politique, de transformer l’expertise militaire en sagesse d’État et de convaincre que le seul chemin vers une solution rapide et durable est celui d’une réconciliation nationale profonde, ancrée dans la justice et la vérité. Le Mali attend de ses aînés un ultime acte de leadership: celui de guider le navire vers le port de la paix véritable.
AKD
Source : Inter De Bamako
[SRC] https://bamada.net/mali-le-reveil-de-lame-un-appel-pressant-pour-une-solution-politique-durable