L’émission d’un mandat d’arrêt international contre Madiambal Diagne a suscité un important retentissement médiatique, mais son efficacité réelle reste incertaine. Après s’être signalé depuis la France jeudi dernier, le journaliste et homme d’affaires est désormais considéré comme fugitif.
L’ordre du président du Collège des juges d’instruction du PJf, Idrissa Diarra, a été transmis au ministre de l’Intérieur, Mouhamadou Bamba Cissé, et enregistré par Interpol, avec une notice rouge susceptible de déclencher une arrestation dans n’importe lequel des 196 pays membres. Pourtant, plusieurs éléments laissent planer le doute sur la portée réelle de cette mesure.
D’abord, le mandat n’est pas automatiquement exécutoire : chaque État membre d’Interpol applique son droit national et peut refuser l’arrestation si l’infraction invoquée n’y est pas reconnue. Dans le cas de la France, où Madiambal Diagne se trouve actuellement, les autorités pourraient estimer que les chefs d’accusation sénégalais ne suffisent pas pour une extradition immédiate. Elles ont d’ailleurs déjà fait une telle chose, dans le cas Doro Gaye dont l’extradition est actuellement en suspens.
Ensuite, Madiambal Diagne a déjà quitté le Sénégal malgré une interdiction de sortie et un avis de recherche, ce qui illustre les failles dans la surveillance sécuritaire et les procédures internes. Le ministre Bamba Cissé a ouvert une enquête pour situer les responsabilités, mais cela ne garantit pas une application rapide du mandat à l’international. Enfin, le caractère très médiatisé de l’affaire peut paradoxalement compliquer la procédure. La visibilité accrue expose l’exécutif à des pressions diplomatiques et judiciaires, qui pourraient ralentir ou neutraliser les effets du mandat.
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